9e Festival du Jamais Lu Paris

Jamais Lu – Paris
9^ème édition

Au Jamais Lu Paris, on flaire les écritures nouvelles dans une joyeuse humeur franco-québécoise. Le festival a pris racine à Montréal il y a plus de vingt ans, avec pour principe de tendre l’oreille aux éloquences neuves et de leur ériger les plus chatoyants crachoirs. Ce front commun des imaginaires s’agite depuis sur trois territoires (Québec, France, Caraïbes). 

À Paris, c’est à Théâtre Ouvert qu’a lieu le sortilège depuis 2015. Les plus belles têtes de la jeune garde dramaturgique du Québec et de la France s’accostent et se coudoient le temps d’une semaine pour faire éclore des textes inédits. Tout juste écrit, sitôt proféré : on vient au festival pour voir apparaître le récit multiplié de son époque sur un tréteau fédérateur. Pour écouter qui raconte maintenant.

ÉDITO

Faire feu

On aura tout vu cette année : des fossés plus creux entre les gens, des nouvelles délirantes, un petit roi secouant par caprice l’échiquier de nos vies, un robot annoncé comme élu, des guerres en entonnoirs et des chaleurs encore non égalées.

Puis des superbes inattendues : une reine noire fendant le feu au-dessus du fleuve, des policiers sympas, la gauche presque unie, Céline qui rechante et de la fiction par palanquées arrivée dans la boîte du festival. 
De la fiction, oui. Il en manquait.
Du pour-de-faux comme du réconfort. 
Comme s’il n’était plus question de témoigner, de vérité rien que la vérité je le jure, mais de reprendre possession des rênes de nos psychés abîmées, de remettre par la force un peu d’ordre inventé partout où le réel parvient bien assez tout seul à rester inimaginable.

Faire feu, autrement, pour la beauté de l’éclat.
Réunir nos forces en accueillant les artistes-ami•es du Québec afin de poser un regard croisé sur les fictions d’ici et d’ailleurs. 
Franchir les océans pour rapetisser l’espace qui sépare nos imaginaires.

Dans les textes proférés en salves cette année, de nouvelles héroïnes vont combattre, se carboniser, faire crépiter la nuit, chercher leur place et imposer leur carences, organiser leur chute ou leur guérison. Elles auront la flamboyance et la détresse en bandoulière, et pour socle des sororités tenues comme des promesses. 
Mille feux leur agiteront le corps. Elles iront se consumant ou incendiant tout, mais elles iront devant, libres et comètes au moins le temps de l’histoire.

Merci de rejoindre nos dérèglements des sens cette saison encore. 
C’est notre réponse aux alarmes trop concrètes de l’époque.
C’est ce qui nous garde l’œil irrévocablement pétillant.

Bon festoiement.

Marc-Antoine Cyr et Marcelle Dubois
Codirecteurs artistiques du Jamais Lu Paris