L’amour la gueule ouverte (hypothèses sur Maurice Pialat)
La littérature et le cinéma ont souvent montré des femmes qui subissent la violence des hommes : battues, assassinées, violées, enfouies sous deux couches de terre glacées, Victimes Majuscules.
Chez Pialat au contraire, elles rendent coup pour coup, terriblement vivantes et insaisissables, échappant aux hommes qui veulent les arraisonner, les rabattre dans les grandes catégories habituelles (maman, putain, femme-enfant etc.). Entre la plaie ouverte de l’enfance et la vitalité désespérée, L’amour la gueule ouverte est une plongée dans le chaudron de sorcière qu’était la vie de Pialat – capable de transformer ses affects, ses terreurs les plus intimes, en films prodigieux et universels.
Les vies que nous raconte Alban Lefranc nous sont proches, vivantes, palpables. Dans l’étoilement de son écriture, chargée d’érotisme, on découvre Maurice Pialat. L’entrechoquement de ses mots forme des rendez-vous secrets où se dessine la complexité des êtres. Les faits, les gestes, les détails, qu’ils soient réels ou fantasmés, se mêlent et se recoupent : loin de brouiller les repères, ils donnent à la vie du cinéaste un relief nouveau.
Olivier Martinaud
France Culture, Les nouvelles vagues
Le texte est édité par hélium
D’Alban Lefranc
Par et avec Olivier Martinaud