Texte Pierre Koestel
Mise en espace Matthieu Roy
Loud
Pendant deux semaines, les étudiants de L’École du Nord s’emparent de la langue décalée de Pierre Koestel. Accompagnés du metteur en scène Matthieu Roy, et en complicité avec l’auteur, ils échangent, décortiquent et multiplient les tentatives autour du texte, pour se familiariser avec son univers, et pour en proposer une mise en espace qui se déroulera le 6 mars prochain à Théâtre Ouvert.
Cette mise en espace est l’aboutissement de séances de lecture de textes nouveaux et de rencontres avec les auteurs menées par Théâtre Ouvert depuis le début de leur cursus.
Loud retrace le parcours d’un jeune garçon, Kiddo, qui se cherche dans les méandres de l’adolescence, en même temps qu’il cherche à trouver sa voix. Grand rêveur et solitaire involontaire, il s’invente des histoires dans le noir de sa chambre et voudrait devenir « superstrass de la musique ». Mais son entourage le trouve plutôt chétif et renfermé. L’un de ses camarades d’école pense même qu’il a une voix trop « aigruë » pour être celle d’un homme. Ça n’en brise pas pour autant la volonté du jeune garçon qui, aidé de son ami imaginaire, Billy Wisdom, est prêt à tout pour se faire entendre et pour donner corps à son plus grand rêve.
Loud, c’est une quête éperdue pour se dire face aux autres, et pour revendiquer sa place dans un monde criblé par les injonctions et les étiquettes. C’est un conte qui commence comme un rêve, et qui prend progressivement des allures de cauchemar. C’est l’histoire d’une métamorphose toujours recommencée et inépuisable, à un âge où l’on ressent plus fortement que jamais l’urgence d’affirmer quelque chose de soi. Une histoire qui cherche à déformer la langue pour mieux la réinventer, en empruntant à l’adolescence sa tonalité si singulière.
KIDDO – Je gobe encore une inspire
Je me translationne dans le noir jusqu’à la centralité de la scène
Je me plante dans mon micro
Puis je dis au monde
Que même si mes contours s’étroitent
Et qu’on croirait qu’un ciel d’orage va me tromber sur la face
Je suis pas d’une race d’insignifiance
Car dès que je déverrouille mes lèvres
Je vocalise une voix vocalement vocale de vocalité
Et je deviens l’unité de mesure entre le néant et l’envieExtrait de Loud, de Pierre Koestel