Ahouvi
À la suite d’une relation intense, à la fois paradis sensuel et tombeau ténébreux, IL est à bout, il ne peut plus, il coule, il cherche une nouvelle forme de vie en quête de liberté.
ELLE nous raconte leur histoire, depuis le premier jour, comme si le pouvoir de celle-ci lui permettait de la garder à l’abri d’une nouvelle tant redoutée.
Au centre de leur vie conjugale, il y a le fruit de la récolte – le chien, le déni. C’est par cette présence animale que la tragédie nous engloutit, que l’histoire se fond.
Ahouvi, en hébreu, veut dire « mon amour ». Ahouvi est une histoire d’amour entre un Français et une Iraélienne, la séparation d’un couple face à la violence et la destruction, mais aussi face à la beauté d’un champ de bataille.
Ce texte est un hommage, un hymne à la vie et un oratorio de la douleur.
NOTE D’INTENTION
« À l’âge de 18 ans, 4 mois avant de commencer mon service militaire comme soldat israélien à Gaza, j’ai créé ma première pièce, Sous le ciel bleu et des nuages blancs. 24 mois plus tard, j’ai déserté le service militaire, et entaché à jamais ma citoyenneté israélienne. C’était le début d’une recherche, d’un voyage, d’un questionnement autour de mon rôle comme occupant, comme un juif israélien conscient de sa responsabilité.
Je ne suis pas là-bas. Mais l’espace est toujours vivant dans mon corps.
J’habite en France depuis presque 9 ans quand je commence à écrire Ahouvi au début de l’été 2021. J’ai en tête mon projet d’écriture Adesh, nouveau volet du travail artistique que je mène autour de mon identité israélienne et de la relation avec mon pays. Dans cet opus j’aborde le conflit israéloarabe vu depuis là-haut, vu par les oiseaux de la Cisjordanie où j’ai séjourné pendant 2 mois en résidence de recherche. Mais pendant ce travail d’écriture, pendant ce dialogue intime et intérieur, alimenté par l’inquiétude que je ressens face à la montée du nationalisme en France, les choses ont radicalement changé pour moi en tant qu’auteur : je veux rester en France, je veux parler d’amour, de l’amour que j’ai pour la France et de l’inquiétude que je ressens pour l’avenir de ce pays. C’est ici que je me sens plus libre, plus fragile, plus vivant. Ce pays est mon refuge mais j’ai peur de ne plus pouvoir rester ici. Je ne vois plus la France avec les mêmes yeux, avec le même regard, que quand je suis arrivé. Je ne sais pas où elle est. Je la cherche. J’ai besoin de parler d’amour parce que je suis encore ici. J’ai besoin de parler d’amour pour me préparer au moment où l’on se séparera, au moment où rien ne sera plus pareil.
C’est le temps du mythe qui rejoint la réalité.
Cet été j’ai décidé de m’écouter, j’ai écrit et terminé le texte de Ahouvi d’un seul geste, même si, au début, ce changement de projet m’a perturbé. Il est sorti de mon corps, en urgence, comme si je l’avais « vomi ». C’était douloureux et merveilleux en même temps. Je l’ai terminé fin août 2021, ce n’est plus Adesh, mais Ahouvi. Le titre a changé et l’histoire a pris sa liberté. Bien évidemment, la toile de fond est toujours la relation avec mon pays, Israël. Mais cette fois-ci je veux en parler comme une relation plus intime, amoureuse, sentimentale. Et j’ai décidé de reporter à plus tard la création de Adesh.
Je suis un voleur, je vole la vie, la mienne et celle des autres et je les mélange avec la fiction. La fiction c’est ma libération. En utilisant le trouble, l’humour et l’autodérision, mon nouveau récit prend la forme féroce d’une histoire d’amour et relate la rupture d’un couple, France-Israël en quelque sorte. Une histoire d’amour que j’ai vécu avec la France et en France depuis mon arrivée, depuis neuf ans. Une histoire qui raconte, de façon clandestine, ce que c’est que d’être étranger dans un pays, et les répercussions que cela peut avoir dans les relations ambiguës et irrégulières avec son pays natal. Il s’agit d’affronter la violence quotidienne, cachée et discrète, jusqu’au moment où l’on devient notre propre ennemi.
Il s’agit de vivre l’échec de cette histoire d’amour, d’un point de vue personnel et politique : vivre l’écrasement de l’utopie et le désintéressement puis l’abandon de la France depuis le processus de paix d’Oslo commencé en 1993. Sur le plan diplomatique, le gouvernement français était partagé entre une amitié bienveillante et une franche hostilité. Les relations franco-israéliennes ont toujours été marquées par l’opposition entre le besoin pour la France d’avoir de bons contacts avec un partenaire important au Moyen-Orient et celui de maintenir des relations correctes, voire même privilégiées, avec le monde arabe. Cette théorie permet de démêler les apparentes contradictions de la politique française à l’égard d’Israël. C’est la contradiction intérieure et la complexité dans la vie de ce couple qui m’intéresse.
Je ne suis pas là-bas. Mais l’espace est toujours vivant dans mon corps.
Ahouvi devient donc le troisième volet de la Quadrilogie de ma Terre. C’est le volet de l’amour, Ahouvi est une histoire d’amour. Le premier volet TBM – Tunnel Boring Machine traitait le conflit israélo-palestinien sous l’angle politique, le deuxième The Jewish Hour l’abordait sous l’angle de la réligion. Enfin, le quatrième, Adesh, nous parlera de l’aspect économique de ce conflit et clôturera la quadrilogie depuis là-haut, depuis le ciel de la Cisjordanie. Ce sont quatre objets, quatre éléments séparés.En utilisant le trouble, l’humour et l’autodérision, mon nouveau récit prend la forme féroce de la rupture d’un couple. Une histoire d’amour que j’ai vécu avec la France et en France depuis mon arrivée, depuis neuf ans. Une histoire qui raconte, de façon clandestine, ce que c’est que d’être étranger dans un pays, et les répercussions que cela peut avoir dans les relations ambiguës et irrégulières avec son pays natal. Il s’agit d’affronter la violence quotidienne, cachée et discrète dans le couple, jusqu’au moment où l’on devient notre propre ennemi. » – Yuval Rozman
EXTRAIT
« Mais c’est ça l’amour tu comprends pas ?! Ça devient pas mieux, ça c’est l’amour, je te dis, on pète ensemble sous la couette, on fait l’amour follement, je te prépare ton boudin blanc et tu appelles ma mère quand j’en peux plus, ça c’est l’amour. »
©DR
Avec le soutien de la Région Île-de-France pour l’ÉPAT.
Texte et mise en voix Yuval Rozman
Assistant à la mise en voix Antoine Hirel
Avec Stéphanie Aflalo, Roxanne Roux, Gaël Sall
Carte TO | ||
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Plein tarif | € | Entrée libre |
Tarif réduit | € | Entrée libre |
Universités, lycées, collègesgratuité pour les accompagnateurs | € | |
Associations, groupesà partir de 6 personnes | € | |
Comité d'entreprise, adhérents Ticket-Théâtre(s) | € |