Festival du Jamais Lu-Paris#2
À l’automne de l’an dernier, les têtes chercheuses du Jamais Lu venaient hacker pour une première et joyeuse fois la dramaturgie française, transportant jusqu’à Paris nos envies d’une parole libre, nouvelle, festive.
Ensemble nous avons valsé fusé fraternisé.
Tandis que nous dansions, d’autres feux ailleurs fusaient.
L’année a été rude loin de cette joie partagée.
Dans la foulée, se taire aurait été plus simple. Bouches cousues laisser le monde courir son sprint vers le mur. Abandonner la parole aux commentateurs aux faiseurs d’opinions aux oiseaux de mauvais augure. Admettre que le théâtre, les auteurs, ça n’empêche ni les massacres ni les bateaux qui se renversent ni les coups de matraque en pleine gueule. Que ça n’efface ni un matin de janvier ni un soir de novembre. Que ça ne rachète aucun fracas.
Mais on est des êtres compliqués, nous autres.
On est des têtes dures, des acharnés, on est des imbéciles heureux.
Quand on a commencé, on recommence.
Quand on a aimé, on aime encore plus, pour que l’effet boule de neige emporte le sombre sur son passage.
On a des langues qui embrassent large, qui veulent frencher la planète entière.
On croit que le mieux au milieu des alarmes, c’est pas de fuir mais de rester collés-collés les uns aux autres.
C’est de rassembler.
On rêve de soirées qui soient comme des dégels, des débâcles.
Comme la glace du St-Laurent quand elle craquelle au printemps, et qu’on peut voir enfin tout le fleuve qui gronde en dessous. Le flot sublime épeurant.
Malgré la houle, on est là pour résister, agrandis d’être ensemble.
Avec nos imaginaires tissés d’horizons immenses, on revient hacker (encore) votre dramaturgie !
Cent auteurs ont répondu à notre appel.
Cent textes en chantier, les pages qui bouillonnent de sève.
Qui a dit qu’il n’y avait pas d’auteurs en France ?
La règle voulait qu’on en garde quatre.
Pour les mettre en voix, on emmène avec nous des metteurs en scène du Québec. On leur a dit : n’ayez pas peur, Paris vit, s’invente, se réinvente avec des mots. Venez avec vos têtes dures et vos rires. Ça fera du bien à tout le monde, un brin de visite qui vient de loin. On dit qu’on se comprend toujours mieux dans le regard de l’autre. On y croit. Venez voir comment, à partir du désir, du silence, du temps de l’effort, des auteurs vivants retrouvent l’avenir.
Alors nous voilà, ensemble, chargés de cette chose fragile : notre insoumission.
On vous brandit un bouquet de textes neufs, à peine imprimés, proférés dans l’urgence. Des textes qui vont s’allumer comme des témoins. Qui vont dire que oui, que c’est possible, que l’altérité opère.
Tout ça ne peut se faire que grâce à des esprits volontaires, comme nous, comme vous, que l’on sait corrompre à grandes lampées de sirop d’érable.
Merci à la fine équipe de Théâtre Ouvert, merci à Caroline et à sa confiance tenace, merci à Artcena qui sait dire oui juste quand il faut. Merci aux metteurs en scène jetlagués venus ici tout exprès, merci aux actrices et aux acteurs à qui l’inconnu ne fait pas peur, merci au public parisien si prompt à se laisser québéquiser. Et merci aux auteurs, nos quatre lauréats comme notre centaine de coureurs, qui raccommodent le monde avec leur parole, leurs mots feux d’artifice qui fusent et qui refusent l’opacité. Ils ont en eux des torrents inarrêtables.
Bon 2e Jamais Lu, Paris !
Marcelle Dubois, directrice artistique
Marc-Antoine Cyr, collaborateur artistique
Participant·es
LES AUTEURS
Jérémie Fabre, Marilyn Mattei, Grégo Pluym, Sonia Ristic
LES METTEURS EN SCENE
Sophie Cadieux, Martin Faucher, Benoît Vermeulen, Catherine Vidal
LA TROUPE
Hélène Gratet, Dominique Laidet, Thomas Matalou, Guillaume Mika, Nelson Rafaëll-Madel, Sarah Tick, Nanténé Traoré, Jennie-Anne Walker
Et deux apprentis comédiens du Studio d’Asnières – ESCA : Maïka Louakairim et Étienne Bianco
coproduction Festival Jamais Lu (Montréal), Théâtre Ouvert
avec le soutien du d’Artcena, du CALQ, du Consulat Général de France à Montréal, de la Délégation générale du Québec à Paris, du Festival Jamais Lu (Montréal)
avec participation artistique du Studio d’Asnières-ESCA
Nous remercions la SACD Canada pour leur contribution financière à ce projet.
L’association Le Souffleur (étudiants aux théâtres) a remis en juin 2017 le « Prix festival » au Jamais-Lu Paris pour sa seconde édition.
- Vendredi 2 décembre 2016 à 20h / Mise en voix
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