Saison : 2015-2016
Je me marre #2
« (…) c’est impossible de faire avec. encore moins contre. tout le monde vous le dira. toutes les petites trognes vous le diront : vous ne pouvez pas faire contre la mort. cependant, nous avons décidé d’aller contre la mort aujourd’hui. car sinon c’est invivable. »
Et si nous partions du principe que la parole nous a été confisquée ?
De quoi serait faite notre recherche ? Quel serait l’objet de ces rituels, de ce besoin que nous avons de nous réunir, publics, artistes, autour d’un spectacle, sinon le désir de retrouver cette « parole perdue », cette parole « qui fait existence » ?
L’œuvre de Charles Pennequin, et particulièrement Pamphlet contre la mort, rend compte à nos yeux de cette recherche. Celle de la parole perdue, confisquée, « de la parole vraie ».
Isabelle Mouchard, Mathieu Montanier
Le texte est édité chez P.O.L
Co-production Théâtre Ouvert, TELEGRAM Cie
par TELEGRAM Cie
avec Isabelle Mouchard, Mathieu Montanier
Collaborations artistiques Maxime Gabillet, Papythio Matoudidi
Le Brady, cinéma des damnés
Ce livre propose la « biographie d’un lieu », Le Brady, dernier cinéma permanent de quartier parisien. L’auteur, qui y fut projectionniste dans les années 2000, a tiré de cette expérience un texte foisonnant, drôle et informé. Il met en scène ses collègues, son propriétaire Jean-Pierre Mocky, les fondus de films « bis » (fantastique, gore, kung-fu, western-spaghetti voire moussaka, porno), mais aussi d’autres spectateurs atypiques (sans-logis, retraités maghrébins, amateurs de brèves rencontres), et tous les riverains occasionnels (prostituées, coiffeurs afro, soiffards).
Le brady, cinéma des damnés reconstitue la mémoire des années turbulentes d’une salle obscure inclassable, comme le documentaire subjectif qui s’en inspire. Une somme inventive et attachante qui satisfera la curiosité de ceux qui croient encore que l’aventure est au coin de la rue.
Extrait : |
LES HABITANTS DU BRADY Il était toujours là. Au 39 boulevard de Strasbourg, dans le Xe arrondissement de Paris. Normalement, ce cinéma de quartier aurait dû disparaître. Depuis les années 80, au moins. Comme les autres. Mais le mot « normal » et le Brady ne se sont pas côtoyés souvent. Ce cinéma, c’était un peu le Titanic. Avec une originalité : il n’arrivait jamais à couler définitivement. Sa fermeture était sans arrêt annoncée, et pourtant il était toujours là, penché au bord de l’abîme. Un Titanic canard de bain, on le pousse vers les abysses et il remonte. Pour certains, le Brady était comme une bouée, c’est qu’ils avaient presque touché le fond. Quand j’ai commencé à y travailler, en octobre 2000, un seul employé devait tenir la caisse, projeter les films et plus ou moins surveiller ce qui se passait dans la salle. Une tâche difficile. — Tu parles ! Y’a des taches que j’arrive pas à nettoyer ! Ils ont du sperme de chacal ! pestait Daniel, l’homme de ménage. Un grand maigre aux cheveux longs, à la barbe christique de hippie revenu d’Inde, qui terminait son boulot quand j’arrivais. Il les frottait, les astiquait, ces dossiers de sièges. À 13h30, j’ouvre le cinéma. Devant les grilles, ils commencent à s’impatienter. Bouboule s’approche avec son litre de bière et sa grosse tête. Il termine sa canette. « Kadhafi » crache dans la rue avant d’entrer. Il a un peu l’air du dictateur – d’où le surnom. Sauf qu’il n’a pas son style fantaisie, il porte une parka verte défraîchie et un gros bonnet gris, hiver comme été. Claude, le petit bossu, se hâte en claudiquant dans l’escalier. D’une main tremblante, il s’aide d’une béquille trop courte, probablement trouvée, qui l’oblige à avoir une démarche encore plus bancale. Nos spectateurs sont presque tous des estropiés, mais il n’y a pas de rampe dans cet escalier. En plus, la marche piège et ses quelques centimètres de plus que les autres, trouve toujours le moyen de faire trébucher ceux qui remontent. Un client pose des questions. C’est un spectateur normal, pas un habitué. Une exception par ici. Les autres ne disent rien, ils connaissent par cœur. Ce qu’ils veulent c’est se coucher et dormir, pas regarder un film ou poser des questions. Se coucher n’est d’ailleurs pas le bon mot, sur un fauteuil de cinéma on s’affale, les accoudoirs ne se relèvent pas. Si nos spectateurs se couchaient, le cinéma ressemblerait trop à un dortoir. Ils dorment donc assis. Ils préfèrent ça plutôt que de d’aller dans un foyer pour sans-abri, les chaussures attachées autour du cou pour pas qu’on te les vole, ou dans la rue, la bouteille sous le cou pour pas qu’on te la siffle. Dormir le jour peut paraître curieux, pourtant la plupart des hommes sans logis dorment le jour. Par peur des agressions. Alors tant qu’à faire, dans une salle obscure, on peut au moins s’imaginer que c’est la nuit. |
En partenariat avec les éditions Verticales
par et avec Patrick Pineau
Ogres propose un voyage au cœur de l’homophobie, aujourd’hui dans le monde. De la France à la Russie, de l’Ouganda à l’Iran – en passant par la Bulgarie, l’Afrique du Sud, le Cameroun, la Grèce, le Brésil, la Roumanie, la Corée du Sud, les Pays-Bas – ce texte dresse un état des lieux d’une discrimination qui exclut socialement, qui tue directement ou indirectement, qui existe sous toutes sortes de formes et dont toutes les formes provoquent douleurs et souffrances. Le système de dramatisation que j’ai choisi pour raconter ces histoires s’appuie sur un concept simple : un personnage, un point de vue, une situation, une action. Les témoignages font intervenir tour à tour victimes, agresseurs, mères et pères des victimes, simples témoins, agent de police…
Ce texte, lauréat de l’Aide à l’écriture de l’association Beaumarchais-SACD, a reçu l’Aide à la création du CnT
Il est lauréat de l’appel à projet 2016/17 de la Fédération d’Associations de Théâtre Populaire
Production Cie des Ogres
Avec le soutien de la Charteuse de Villeneuve lez Avignon-CNES, Théâtre Ouvert
par Eugen Jebeleanu
scénographie Vélica Panduru
avec Gautier Boxebeld, Alexandre Guansé, Clémence Laboureau, Ugo Léonard, Claire Puygrenier
Nous suivons dans Paradis les pensées d’un homme qui a subi l’internement et ressasse les souvenirs d’une rencontre.
Il croyait vivre en enfer et ne voyait plus autour de lui que des raisons de désespérer. Il se moquait de Cathie et s’employait à lui inspirer le dégoût de l’enfance et la haine de ses parents. Il rêvait sa vie d’après. Ses plans d’avenir étaient simples. Il irait chez le coiffeur, achèterait des vêtements neufs et trouverait un travail. Il ne douterait plus de lui-même. Un jour, c’est sûr, il finirait par demander Cathie en mariage…
Sébastien Brebel
Auteur de trois romans et de nouvelles publiées chez P.O.L, Sébastien Brebel écrit ici un monologue inédit pensé pour le plateau.
par et avec Nicolas Maury
A la défense des moustiques albinos
C’est dur d’avoir 40 ans : Marta est au bord de la crise de nerfs !
Une adolescente qui meurt d’envie d’avoir un scooter, un ex-mari activiste écologiste qui interfère dans son travail d’experte auprès du gouvernement.
Dépassée par un quotidien qui devient envahissant, Marta, de plus en plus fébrile, provoque des situations qui finiront par renverser le cours de sa vie.
Dans cette pièce, Mercè Sarrias, dramaturge et scénariste catalane brosse le tableau d’une famille au bord de la crise de nerfs avec une écriture vive, pertinente et drôle, ancrée dans le réalisme social.
Production Théâtre Ouvert
Avec le soutien de Fabulamundi-Playwriting Europe, du programme culture de l’Union Européenne
trad. du catalan par Philippe Soldevila
par Julie Deliquet
avec cinq comédiens du Collectif In Vitro :
Eric Charon, Jean-Christophe Laurier, Julie André, Agnès Ramy, Julie Jacovella
Le début est comme une entaille
Il faut beaucoup aimer les hommes est une histoire d’amour.
Solange est blanche, Kouhouesso est noir. C’est un roman sur un amour brûlant et douloureux : elle ne regarde que lui, lui regarde ailleurs. Il a un grand projet. Il veut réaliser l’adaptation cinématographique de Au coeur des ténèbres de Conrad. Et partir tourner le film en Afrique. La scène se passe à Los Angeles, ils sont acteurs tous les deux. Il veut sortir des studios d’Hollywood et plonger dans la forêt.
Das Plateau s’empare de l’écriture de Marie Darrieussecq et propose avant la création du spectacle à Théâtre Ouvert, en septembre 2016, une lecture performance de cette œuvre magistrale qui parle d’amour et de racisme, du féminin et du masculin, de la manière dont l’histoire des peuples s’immisce à l’intérieur de l’histoire des Hommes.
Cette lecture performance fait suite à une résidence menée à Théâtre Ouvert dans le cadre de l’Ecole Pratique des Auteurs de Théâtre (EPAT) et au Pôle Culturel d’Alfortville.
Production Das Plateau
Coproduction Théâtre Ouvert
avec le soutien de la Région Ile-de-France
Un projet soutenu dans le cadre de L’Objet des mots du Festival actoral, en collaboration avec la SACD
d’après le roman de Marie Darrieussecq Il faut beaucoup aimer les hommes
Conception et réalisation Das Plateau
(Jacques Albert – Céleste Germe – Maëlys Ricordeau – Jacob Stambach)
par Céleste Germe
dramaturgie Jacques Albert
composition musicale et sonore Jacob Stambach
avec Cyril Guei, Maëlys Ricordeau
création vidéo Robin Kobrynski
régie son Adrien Kanter
Les Fondamentaux
On habite de petits appartements. On cherche une idée. On peine à évoquer. On essaye des choses. On veut y croire à nouveau. On est concerné. On connaît par cœur. On boit pas mal. On est forcément déçu. On part en guerre. On se souvient. On s’éloigne. On oublie. On ne comprend pas tout. On ne se rend pas compte. On veut se marier. On veut des enfants. On verra plus tard. On s’organise. On ne se fera pas avoir. On n’est pas comme eux. On a vingt ans.
Baptiste Amann
Six jeunes gens se retrouvent un soir dans un petit appartement. Ils cherchent une idée. Le lendemain, ils mettront en ligne une sorte de site internet d’éducation populaire, qui a l’air de se situer entre Wikipédia et You Tube. Il ne leur manque qu’une vidéo de promotion. Une fois les dernières bouteilles de bière vidées, il est temps de se mettre au travail. Il faut parler, beaucoup. Mais de quoi peuvent-ils parler, sinon de leur ami qui vient brusquement de quitter la France pour faire le djihad ? Quelles réponses va-t-il chercher là-bas, qu’il n’a pas trouvé ici dans leur amitié, dans leur façon à eux d’agir sur le monde ? Que peuvent-ils opposer à la radicalité de son engagement ? Baptiste a écrit Les Fondamentaux pour les élèves de la Classe de la Comédie de Reims, promotion 2013/2015. Il les a rencontrés, a échangé avec eux, et nous a remis cette pièce à la fois très personnelle et complètement habitée par leurs interrogations, leur poésie à eux. Construite dans une alternance de monologues fleuves et de scènes dialoguées extrêmement vives, elle saisit quelque chose d’essentiel de notre façon de « vivre ensemble », aujourd’hui, en France. Qu’on ait vingt ans ou pas. Rémy Barché
Cette pièce est le fruit d’une commande passée à l’auteur pour les élèves comédiens de la Classe de la Comédie de Reims (promotion 2013/15)
Production Comédie de Reims
Carte blanche à Stanislas Nordey
On parle la même langue… mais non
Des auteurs québécois et français ont pour mission d’écrire de courts textes sur des mots qui évoquent des enjeux de société importants de part et d’autre de l’Atlantique mais dont les interprétations culturelles peuvent s’avérer assez différentes !
Laïcité, diversité, identité nationale, environnement
Pour les curieux, les textes du Cabaret sont ICI
Orchestré par Marcelle Dubois
Accompagnement musical Fred Costa
Avec Alexia Bürger, Marc-Antoine Cyr, Sébastien David, Marcelle Dubois, Jérémie Fabre, Nathalie Fillion, Marie-Eve Perron, Samuel Pivo, Claude Poissant, Sabine Revillet, Sonia Ristic, Yann Verburgh
La nuit hurlera de chiens si les hirondelles ne sifflent pas de Guillaume Cayet
Je voulais d’abord écrire un état des lieux. Celui d’un peuple qui ne naît pas, qu’on dit manquant, sans se manquer, juste – qui ne se heurte plus. D’un peuple télévisuel, spectaculaire, lobotomisé. Et puis il y a eu une cuisine. […]
Une véranda a été rajoutée à cette cuisine. Les bruits du monde y sont entrés par la lucarne. Une vieille radio branchée sur RTL annonçant la fin des hostilités. Car c’est d’hostilités qu’il est question ici. De trouver son territoire, son utopie clandestine, bref. Les propositions sont longues. Et l’écriture est en entonnoir. Il a fallu choisir. J’ai finalement écrit une sorte de peinture au rouleau, grossière, vulgaire. Un peuple qui naît dans une cuisine et qui regarde par la fenêtre.
Guillaume Cayet
avec Marthe Fieschi, Isabelle Mouchard, Augustin Passard, François Praud, Marc Schapira, Anne Seiller, Caroline Stella, Slimane Yefsah