Salle : Petite Salle
KATRINA – Isle de Jean Charles, Louisiane
Isle de Jean Charles est une langue de terre située aux confins de la Louisiane. Elle est la première victime d’une érosion côtière qui ronge la région depuis des siècles, décuplée par les effets des tempêtes qui balaient régulièrement le Golfe du Mexique. Avec elle, une communauté d’Indiens issus de trois tribus – Biloxi, Chitamacha et Choctaw – coule doucement.
Pêcheurs de père en fils, les Indiens d’Isle de Jean Charles ont comme autre particularité de parler partiellement le français des Cajuns, descendants de Français chassés d’Acadie par les Anglais en 1755 et réfugiés en Louisiane. On y va. On y passe, un jour.
Frank Smith, écrivain et vidéaste, joue à merveille de la langue et des sons, en mêlant enquête, poésie et récit pour décrire le quotidien déclinant des habitants de cette île.
Le texte est paru aux éditions de l’Attente
création sonore originale Gilles Mardirossian
Effleurement
Dans un salon de coiffure en banlieue, la coiffeuse reçoit la visite de sa mère, qui souhaite l’inviter à fêter un anniversaire dont on ne sait s’il est celui d’une naissance ou d’une mort. Les gestes de la coiffure (shampoing, coupe, teinture, séchage) sont à la fois la tentative et l’échec du contact, un effleurement sensuel et destructeur entre les deux femmes, par lequel le corps de la mère (Puce), obèse, passif, par opposition à celui de sa fille (Bouboule), très maigre, tente de changer d’apparence. Leur conversation est rythmée par une radio grésillante qui interfère dans leur tentative de (se) parler, les bruits des voisins, qui tous les soirs se lancent dans une étrange course poursuite à la recherche de leur bébé perdu, et par les coupures de courant, qui les plongent dans une obscurité inquiétante et rédemptrice.
Production compagnie Pétrole
Co-production Studio-Théâtre de Vitry, Comédie de Reims, Théâtre Ouvert avec le soutien de la Région Ile-de-France.
Avec le soutien du Théâtre de Vanves, de la SPEDIDAM
La pièce sera créée en mars 2016 au Studio-Théâtre de Vitry
trad. du croate par Christine Chalhoub
par Clara Chabalier
avec Pauline Jambet, Caroline Darchen
avec les voix de Clara Chabalier, Alexandre Pallu, Pierre et Anselme Barché
création sonore Julien Fezans
création lumière Philippe Gladieux
Le Brady, cinéma des damnés
Ce livre propose la « biographie d’un lieu », Le Brady, dernier cinéma permanent de quartier parisien. L’auteur, qui y fut projectionniste dans les années 2000, a tiré de cette expérience un texte foisonnant, drôle et informé. Il met en scène ses collègues, son propriétaire Jean-Pierre Mocky, les fondus de films « bis » (fantastique, gore, kung-fu, western-spaghetti voire moussaka, porno), mais aussi d’autres spectateurs atypiques (sans-logis, retraités maghrébins, amateurs de brèves rencontres), et tous les riverains occasionnels (prostituées, coiffeurs afro, soiffards).
Le brady, cinéma des damnés reconstitue la mémoire des années turbulentes d’une salle obscure inclassable, comme le documentaire subjectif qui s’en inspire. Une somme inventive et attachante qui satisfera la curiosité de ceux qui croient encore que l’aventure est au coin de la rue.
Extrait : |
LES HABITANTS DU BRADY Il était toujours là. Au 39 boulevard de Strasbourg, dans le Xe arrondissement de Paris. Normalement, ce cinéma de quartier aurait dû disparaître. Depuis les années 80, au moins. Comme les autres. Mais le mot « normal » et le Brady ne se sont pas côtoyés souvent. Ce cinéma, c’était un peu le Titanic. Avec une originalité : il n’arrivait jamais à couler définitivement. Sa fermeture était sans arrêt annoncée, et pourtant il était toujours là, penché au bord de l’abîme. Un Titanic canard de bain, on le pousse vers les abysses et il remonte. Pour certains, le Brady était comme une bouée, c’est qu’ils avaient presque touché le fond. Quand j’ai commencé à y travailler, en octobre 2000, un seul employé devait tenir la caisse, projeter les films et plus ou moins surveiller ce qui se passait dans la salle. Une tâche difficile. — Tu parles ! Y’a des taches que j’arrive pas à nettoyer ! Ils ont du sperme de chacal ! pestait Daniel, l’homme de ménage. Un grand maigre aux cheveux longs, à la barbe christique de hippie revenu d’Inde, qui terminait son boulot quand j’arrivais. Il les frottait, les astiquait, ces dossiers de sièges. À 13h30, j’ouvre le cinéma. Devant les grilles, ils commencent à s’impatienter. Bouboule s’approche avec son litre de bière et sa grosse tête. Il termine sa canette. « Kadhafi » crache dans la rue avant d’entrer. Il a un peu l’air du dictateur – d’où le surnom. Sauf qu’il n’a pas son style fantaisie, il porte une parka verte défraîchie et un gros bonnet gris, hiver comme été. Claude, le petit bossu, se hâte en claudiquant dans l’escalier. D’une main tremblante, il s’aide d’une béquille trop courte, probablement trouvée, qui l’oblige à avoir une démarche encore plus bancale. Nos spectateurs sont presque tous des estropiés, mais il n’y a pas de rampe dans cet escalier. En plus, la marche piège et ses quelques centimètres de plus que les autres, trouve toujours le moyen de faire trébucher ceux qui remontent. Un client pose des questions. C’est un spectateur normal, pas un habitué. Une exception par ici. Les autres ne disent rien, ils connaissent par cœur. Ce qu’ils veulent c’est se coucher et dormir, pas regarder un film ou poser des questions. Se coucher n’est d’ailleurs pas le bon mot, sur un fauteuil de cinéma on s’affale, les accoudoirs ne se relèvent pas. Si nos spectateurs se couchaient, le cinéma ressemblerait trop à un dortoir. Ils dorment donc assis. Ils préfèrent ça plutôt que de d’aller dans un foyer pour sans-abri, les chaussures attachées autour du cou pour pas qu’on te les vole, ou dans la rue, la bouteille sous le cou pour pas qu’on te la siffle. Dormir le jour peut paraître curieux, pourtant la plupart des hommes sans logis dorment le jour. Par peur des agressions. Alors tant qu’à faire, dans une salle obscure, on peut au moins s’imaginer que c’est la nuit. |
En partenariat avec les éditions Verticales
par et avec Patrick Pineau
A la défense des moustiques albinos
C’est dur d’avoir 40 ans : Marta est au bord de la crise de nerfs !
Une adolescente qui meurt d’envie d’avoir un scooter, un ex-mari activiste écologiste qui interfère dans son travail d’experte auprès du gouvernement.
Dépassée par un quotidien qui devient envahissant, Marta, de plus en plus fébrile, provoque des situations qui finiront par renverser le cours de sa vie.
Dans cette pièce, Mercè Sarrias, dramaturge et scénariste catalane brosse le tableau d’une famille au bord de la crise de nerfs avec une écriture vive, pertinente et drôle, ancrée dans le réalisme social.
Production Théâtre Ouvert
Avec le soutien de Fabulamundi-Playwriting Europe, du programme culture de l’Union Européenne
trad. du catalan par Philippe Soldevila
par Julie Deliquet
avec cinq comédiens du Collectif In Vitro :
Eric Charon, Jean-Christophe Laurier, Julie André, Agnès Ramy, Julie Jacovella
Carte blanche à Stanislas Nordey
Mécanismes de survie en milieu hostile
L’auteure et Pierre Aviat (compositeur) ont conçu une lecture musicale et sensorielle de Mécanismes de survie en milieu hostile, où le paysage, les ombres, les cachettes, l’envie de fuir, le goût du jeu, la peur et le désir se projetteront, comme dans un film sans images, dans l’esprit du spectateur.
Mécanismes de survie en milieu hostile, se présente comme un roman en cinq chapitres, tous narrés à la première personne, un « je » qui va peu à peu dévoiler sa proximité avec l’auteur tout en maintenant à distance les pièges de l’autobiographie.
Ces cinq actes mettent à l’épreuve une adolescente devenue jeune femme face à l’attente, la perte, le deuil, le silence, face à l’hostilité du monde extérieur puis au monde intérieur béant qui la condamne à s’inventer, avec les moyens du bord, des mécanismes de survie.
Dans ce roman labyrinthique, d’autres motifs s’entremêlent aux jeux du chat et de la souris de la narration. Ainsi chaque partie comprend-elle de brefs récits en italique – tirés de témoignages authentiques – d’individus revenus de l’au-delà, à l’image de Tony R. ou Jacqueline S. ayant réchappé in extremis à la mort clinique, et dont les destins vont connaître d’incroyables bifurcations.
Comme dans les trois livres précédents d’Olivia Rosenthal, c’est par la friction de ces histoires annexes avec la sienne propre que le plus inavouable affleure, dans l’entre-deux d’une prospection documentaire et d’une réécriture de soi. On pourra lire Mécanismes de survie en milieu hostile comme un roman d’apprentissage, un thriller métaphysique, un récit d’épouvante ou un manuel d’exorcisme.
Ce roman âpre et lumineux soumet des matériaux intimes à une sublimation subtile et implacablement bouleversante.
EXTRAITS DE PRESSE
«C’est un livre troublant et beau. Fort. Prenant. Il relate un voyage courageux avec au bout l’espoir d’une paix.» Xavier Houssin, Le Monde des Livres
«Écrit dans une langue précise, et fort belle, le livre d’Olivia Rosenthal est construit comme un savant jeu de piste. Un texte puissant et exigeant.» Igor Capel, Le Canard Enchaîné
«Une étonnante variation sur le passage de la vie à la mort qui se mue en une introspection sur l’expérience de la perte et du deuil.» Jeanne Ferney, Le Magazine Littéraire
«Un texte-limite, hors du commun. Une aventure belle et effrayante.» Emily Barnett, Les Inrockuptibles
D’Olivia Rosenthal
Avec Pierre Aviat, Olivia Rosenthal
Le texte est édité par les éditions Verticales
Prim’Holstein
Dans ces deux performances, Patricia Allio et Éléonore Weber prélèvent un échantillon de réel, souvent une expérience limite, à partir duquel s’engage une discussion autour d’un certain nombre d’inquiétudes morales.
Pour concevoir Prim’Holstein, les auteures sont allées rencontrer des agriculteurs en Ile-de-France.
La proposition s’appuie sur la description d’une performance qui n’a pas pu avoir lieu, avec un vieil acteur et une vieille vache, devenus tous deux improductifs.
À la place, mais aussi à partir de ce qui aurait pu avoir lieu, un texte projeté implique les spectateurs dans un réseau d’hypothèses et de questions qui les perturbent, les provoquent et les invitent à opérer un déplacement du regard.
Dans la seconde proposition, en cours d’écriture, les auteures examinent des images de guerre, vidéos extraites de ce que les pilotes de drones, d’hélicoptères et autres avions militaires enregistrent lorsqu’ils sont engagés dans des opérations de guerre chirurgicale.
Prim’Holstein a été créée au Centre Pompidou, dans le cadre du Festival Hors Pistes en janvier 2012
Production : association Allio & Weber, Centre Pompidou, Les Subsistances, (Grande Halle de la Villette) Parc de La Villette
Conception Patricia Allio, Eléonore Weber
Images Emmanuel Valette
SUPERSTRUCTURE
L’auteure nous livre quelques extraits d’un texte inédit.
Entre un gratte-ciel et une autoroute aérienne, des personnages ensauvagés racontent, dansent, se battent et s’essoufflent au rythme d’une course effrénée et suspendue à travers l’histoire contemporaine d’une ville manifeste, Alger revue et corrigée par Le Corbusier. Une ville dystopique se superpose au réel. Des personnages fictifs, sauf ma cousine : Fella.
Sonia Chiambretto
« PLAN LIBRE
Mon cœur s’affolait.
Il n’y avait plus que ça, le bruit des battements de mon coeur et des hélicos qui tournoyaient au-dessus des terrasses.
La mer restait sans vague : un mur d’eau dressé.
On ne pouvait plus s’échapper.
Ça se rapprochait (…) »
http://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=5027147
De et par Sonia Chiambretto
MISS MONDE
MISS MONDE, ou comment les reines de beauté sont nées de la rencontre entre la bombe H et les maillots de bains sexy, le tout sur fond de guitares électriques grinçantes.
De Christophe Fiat
Recital de Christophe Fiat, écrivain et Vale Poher, musicienne
L’amour la gueule ouverte (hypothèses sur Maurice Pialat)
La littérature et le cinéma ont souvent montré des femmes qui subissent la violence des hommes : battues, assassinées, violées, enfouies sous deux couches de terre glacées, Victimes Majuscules.
Chez Pialat au contraire, elles rendent coup pour coup, terriblement vivantes et insaisissables, échappant aux hommes qui veulent les arraisonner, les rabattre dans les grandes catégories habituelles (maman, putain, femme-enfant etc.). Entre la plaie ouverte de l’enfance et la vitalité désespérée, L’amour la gueule ouverte est une plongée dans le chaudron de sorcière qu’était la vie de Pialat – capable de transformer ses affects, ses terreurs les plus intimes, en films prodigieux et universels.
Les vies que nous raconte Alban Lefranc nous sont proches, vivantes, palpables. Dans l’étoilement de son écriture, chargée d’érotisme, on découvre Maurice Pialat. L’entrechoquement de ses mots forme des rendez-vous secrets où se dessine la complexité des êtres. Les faits, les gestes, les détails, qu’ils soient réels ou fantasmés, se mêlent et se recoupent : loin de brouiller les repères, ils donnent à la vie du cinéaste un relief nouveau.
Olivier Martinaud
France Culture, Les nouvelles vagues
Le texte est édité par hélium
D’Alban Lefranc
Par et avec Olivier Martinaud