Avions en papier
« Le témoignage d’un rêve européen »
Des histoires d’enfants abandonnés. Des histoires de collège. Des (premières) histoires d’amour. De la haine et de la violence à l’école. Du harcèlement. De l’injustice et de l’amitié. Des histoires de frontières et de générations. Des devoirs à faire. Des voyages à imaginer. Des rêves à attendre. Six jeunes roumains se livrent dans le texte d’Elise Wilk comme dans un journal intime. Six êtres humains qui essayent de comprendre le monde. Six adultes en devenir. Six voix de l’adolescence. Un « Éveil du printemps » contemporain et cru d’une Roumanie dans laquelle plus de cent mille enfants vivent seuls ou avec leurs grands-parents, oncles ou des membres de leur famille lointaine car leurs parents sont partis travailler en « Occident ». Une réflexion sur l’Europe d’aujourd’hui et les rapports de force entre individus, entre victimes et bourreaux. J’ai choisi de faire entendre ces voix en les associant à des films célèbres qui traitent du passage à l’âge adulte, comme les échos ou les monologues intérieurs des personnages de Billy Elliot ou de Elephant de Gus Van Sant, en passant par La Luna de Bertolucci ou Baccalauréat de Cristian Mungiu.
Eugen Jebeleanu
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Trois garçons, trois filles, une année scolaire de septembre à juin.
Miki, un nouvel élève, ne cesse d’être harcelé par deux de ses camarades de classe, Alex et Bobo.
Le premier, l’idole des filles, se sépare de Lena pour sortir avec sa meilleure amie, Laura. Sur la dernière page de son cahier de mathématiques, Laura dresse des listes avec les noms des garçons qu’elle a embrassés et elle met une croix pour comptabiliser les jours depuis que ses parents sont partis travailler en Italie.
Les parents d’Alex sont également partis, tout comme la mère de Miki.
Bobo lui, voudrait que sa grand-mère ne meure jamais.
Andra pense qu’elle est grosse et décide de ne plus sortir de chez elle.
Lena tente d’échapper à l’amoureux de sa soeur…
La pièce s’achève avec la fête de fin d’année.
La nuit précédente, Miki a dérobé l’arme de service de son oncle. Il arrive à l’école habillé en noir, le pistolet de son oncle dans son sac à dos. Il monte dans la salle de classe, prêt à ouvrir la fenêtre et à tirer sur la cour qui dans quelques minutes sera remplie…
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Regard de la traductrice, Alexandra Lazarescou, sur le pièce
Avions en papier est un texte coagulé autour de problèmes d’adolescents qui réagissent par un comportement confus, voire cruel. En cela, l’école devient un champ de bataille dont on survit. Ou pas. La pièce aborde ainsi un phénomène social qui semble sans remède : le harcèlement (physique, verbal et émotionnel) à l’école. En parallèle, chaque élève d’Avions en papier vit une histoire triste et douloureuse à l’endroit qu’il nomme « maison ». Les temps sont durs pour les parents mais encore plus pour les enfants qui ne peuvent profiter d’un cadre familial propice à l’épanouissement, qui vont à l’école sans amour et qui ne renoncent pourtant pas à le chercher. Le texte d’Elise Wilk aborde avec une sensibilité singulière les problèmes des jeunes à l’école et au sein de leurs familles. Par une construction intelligente qui permet d’entrer dans les pensées des personnages, Avions en papier explore d’une manière lucide et drôle le monde des adolescents à la recherche d’une place dans une société toujours plus dure et plus indifférente, où les parents, contraints de travailler à l’étranger, abandonnent leurs enfants. La violence et la cruauté qui traversent leurs relations cachent des traumatismes profonds, quand même les persécuteurs les plus endurcis espèrent encore qu’une merveille surgisse dans leurs vies.
Avions en papier n’est pas une pièce sur les enfants dont les parents sont partis travailler à l’étranger. Ce sujet représente seulement l’arrière-plan du texte qui est en premier lieu une histoire sur l’adolescence en général.
L’auteure ne se complaît jamais dans la noirceur. Elle écrit dans une langue subtile et légère malgré des personnages en souffrance, elle compose « à hauteur » des adolescents de 13 à 18 ans. Un texte entièrement dédié à ceux qui, après la séparation, se demandent comment vivre sans.
La pièce d’Elise Wilk émeut par ce mélange paradoxal et parfaitement maîtrisé de fantaisie et de cruauté avec lequel elle évoque les problèmes des adolescents dans le contexte bien réel de la Roumanie contemporaine et parle avec force et subtilité des liens qui unissent des êtres confrontés à l’éloignement, à la perte de repères, au manque d’amour.
Fabulamundi Playwriting Europe
Cette pièce dans sa traduction française est présentée dans le cadre de «Fabulamundi. Playwriting Europe», projet de coopération mené de 2017 à 2020 entre théâtres, festivals et instituts culturels de toute l’Europe
Avec le soutien de Fabulamundi-Playwriting Europe, du programme Culture de de l’Union européenne
traduction Fanny Chartres et Alexandra Lazarescou
par Eugen Jebeleanu
avec Jules Bodin, Lula Cotton Frapier, Yuming Hey,Marion Lambert, François Praud, Lou Valentini
création et régie son Rémi Billardon