Carré bleu
Carré Bleu, c’est un monologue, une jeune femme traverse un choc : la perte d’une sœur.
Qu’est-ce qu’on perd quand on perd sa sœur aînée ? Sa voix, ce qu’elle savait de nous et qu’on ignorera toujours, son corps ? Et qu’est-ce qui reste ? Sa présence, la surprise de sentir qu’elle est là, encore, la confiance que ça donne de se sentir sœur ?
Carré Bleu, c’est l’histoire de deux sœurs, de leur relation, de ce lien, la sororité.
Carré Bleu tente de saisir ce que la mort fait au corps, au regard et à l’imaginaire.
On découvre cette jeune femme juste après la mort de sa sœur, au cœur du choc.
Elle tente de saisir, de comprendre : qu’est-ce qui s’est passé ? Quand est-ce que tout a basculé ?
On entre avec elle dans le détail. Les détails crus de la chambre d’hôpital, du blanc, du bip, du plastique et d’un souffle amplifié ; les détails précis de l’enfance, une brindille qui touche un fil électrique, une tête qui passe par la fenêtre pendant que la voiture roule, un rire qui éclate face à un silence trop fort.
On partage le sensible, on partage le silence et le vide autant que le bruit et les excès que la mort impose. On entre en porosité avec ce corps à la fois saturé et vidé.
Le corps de cette jeune femme, en l’occurrence moi, tend les mains vers le ciel pour finir par affirmer que c’est encore possible d’apprendre de nos morts, de se laisser traverser par eux, de continuer encore la rencontre.
Une seule question finalement : comment on fait son deuil ?
« Je n’arrive pas à quitter cette maison, sa chambre dans cette maison, la chambre bleue.
Elle est morte et j’oublie, déjà c’est le passé qui revient comme si elle était déjà morte depuis longtemps.
Vite les souvenirs.
Elle, j’oublie. Et pourtant je sens le vide dans mon dos. Mon dos est vide de ses paumes de mains qui prennent mes omoplates. Mon dos est vide parce que quand elle me serrait contre elle, ses doigts dans mon dos ils se tenaient vers le ciel. C’est parce qu’elle me croyait qu’elle pouvait me tenir comme ça, comme pour vérifier ce qu’elle avait toujours vu sur mon visage. Ses doigts à la verticale dans mon dos c’était pour pouvoir me voir.
Elle est morte.
Je ne sais même plus si c’était un mercredi ou un jeudi. Non –
C’était dans la nuit du dimanche au lundi. Elle n’a pas pu mourir si vite.
Ses mains verticales dans mon dos c’était m’offrir.
C’est comme mettre les paumes des mains vers le ciel et sourire.
Qui fait ça ? »
©Clara Arnoux
SOUTIEN Nouveau Gare au Théâtre
Texte, mise en voix et jeu Émilie Lacoste
Collaboration artistique Pierre Louis-Calixte de la Comédie Française
À partir de 12 ans
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