GIVRÉ·ES
Depuis la mort de leurs parents, des frères et sœurs se retrouvent chaque année dans la maison de leur enfance pour fêter Noël comme avant. Hanté·es par leur incapacité à évoquer leurs absent·es, iels tentent de se comprendre à nouveau. Ce soir-là, la mort s’immisce parmi elleux de façon inédite, les poussant à douter de leur propre rapport au monde. Ce conte fantastique sonde les croyances qui nous habitent aujourd’hui et fait écho à ces chemins que nos absent.es nous poussent parfois à emprunter.
Eli : Et tes petites prières à l’hôpital ? Comment tu expliques tes petites prières à l’hôpital ? Après l’accident de Raph, tu pleurais, tu priais, comme un enfant Oscar !
Oscar : Je n’ai jamais prié. Qui a pris l’assiette ? J’ai déjà dit cent fois qu’on laisse l’assiette vide pour accueillir ceux qui en ont besoin, comme toujours.
Eli : Pourquoi tu continues avec cette assiette ?
Oscar : C’est la tradition.
Eli : On est au XXIème siècle, les pauvres, ça n’ose plus frapper aux portes. Mais les fantômes…
Oscar : Les sorcières, les fantômes, ça n’en finit pas ! Il faut grandir Eli.
Eli : Grandir ça veut dire ne plus croire ?
Oscar : Voilà.
Eli : Alors je ne veux pas grandir, et toi non plus visiblement. Ça fait six ans que les parents sont morts !
Oscar : Ne parle pas des parents comme ça !
Eli : J’ai seulement dit qu’ils étaient morts Oscar ! Ils sont morts ! Ils sont morts ! Ils sont morts ! Ils sont morts !
Oscar : Tout le monde est au courant.
Eli : Alors pourquoi tu fais comme s’ils étaient toujours là ? Pourquoi tu as gardé les chaises, les rideaux, le sapin ? Pourquoi on s’assied aux mêmes places, en faisant les mêmes blagues, en échangeant les mêmes regards ? Pourquoi on en parle pas, tout simplement, pourquoi on en parle pas ?
Oscar : Tu l’as dit toi-même, parce qu’ils n’existent plus.
Eli : Ils existent autrement. Temps. Tu trembles Oscar.
Oscar : Elle est givrée. Raph ! A table ! Noël c’est ce soir, pas demain matin !
Eli : Ils font partie de la vie ! De notre vie à tous les trois !
Oscar : Y’a rien après la mort Eli, rien.
Eli : Je ne sais pas.
Oscar : Quoi tu ne sais pas ? Tu sais très bien, tout le monde le sait !
Eli : Tout le monde qui ?
Oscar : Nous, les vivants.
Eli : S’il y a des vivants ici, il y a des morts quelque part.
Oscar : Sous la terre, ensevelis, en décomposition, avec les vers !
Eli : Ailleurs.
Oscar : Les souvenirs, voilà ce qui nous reste ! Cette maison !
Eli : Et les morts à réveiller.
Oscar : T’es givrée.
Eli : Tu as peur parce que tu doutes.
Oscar : Peur de quoi ?
Eli : Peur des morts.
Oscar : Quoi les morts, qu’est-ce qu’ils ont les morts ? Laisse-les donc là où ils sont.
SOUTIEN Théâtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines, la Manufacture – Haute École des Arts de la Scène, la RTS, la RTBF, la Fondation Maisons Mainou, Fondation Suisse pour la radio et la Culture (FSRC / SRKS) et la bourse Gulliver.
Texte et mise en espace Charline Curtelin
Collaboration artistique Alexandra Lapierre
Avec Mathilde Augustak, Leïa Besnier, Alexia Hebrard, Rony Wolff
Création sonore Robin De Carlan, Paolo Rezze
Carte TO | ||
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Plein tarif | 6€ | Entrée libre |
Tarif réduit | 4€ | Entrée libre |
Universités, lycées, collègesgratuité pour les accompagnateurs | 4€ | |
Associations, groupesà partir de 6 personnes | 4€ | |
Comité d'entreprise, adhérents Ticket-Théâtre(s) | 4€ |