Les Poules à chair
Il y a ce moment, fin juillet, quand l’été paraît tellement long que c’est comme s’il n’allait jamais s’arrêter. Il y a la route départementale, sur laquelle ça fait longtemps qu’on n’a plus croisé personne. Il y a, cernés par les champs de maïs, un hangar, une caravane, un petit atelier de bois. Il y a un garçon qui vit là, seul, bien à l’abri des regards, qui élève des poules et les abat. Il y a ce garçon qui parle même si personne ne l’écoute et qui tente, en la racontant, de sortir d’une adolescence dont il semble n’avoir jamais vraiment guéri.
« Avant parfois, en travaillant, je m’imaginais disparaître. Je prévoyais d’attendre qu’il soit occupé au hangar pour sortir de l’atelier, traverser la départementale, et, lentement, dans la chaleur de midi, me glisser entre les maïs. Je me voyais marcher longtemps, jusqu’à ce point où j’étais sûr qu’aucun homme ne viendrait jamais me chercher. Et l’annonce qu’ils en feraient à l’école. Les papiers qu’ils feraient passer dans les classes, où chacun serait forcé d’écrire un mot, quelque chose qu’il aurait fallu que je meure pour qu’on veuille bien me le dire, et qu’ils jetteraient, le jour venu, au fond du trou qu’ils auraient fait creuser pour moi, derrière l’église, dans le petit cimetière pluvieux tout ravagé par les chardons. J’imaginais. Ça me faisait tuer le temps. »
Texte Sylvain Septours (éd. TAPUSCRIT | Théâtre Ouvert)
Regard extérieur Ludovic Lagarde
avec Guillaume Costanza
Carte TO | ||
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Plein tarif | 6€ | Entrée libre |
Tarif réduit | 4€ | Entrée libre |
Universités, lycées, collègesgratuité pour les accompagnateurs | 4€ | |
Associations, groupesà partir de 6 personnes | 4€ | |
Comité d'entreprise, adhérents Ticket-Théâtre(s) | 4€ |