Ma Solange, comment t’écrire mon désastre, Alex Roux
C’est à partager une véritable aventure que nous vous convions et c’est avec enthousiasme que nous vous invitons à faire comme nous : oser.
Oser abandonner un instant repères et habitudes pour plonger dans une œuvre foisonnante et singulière.
Nous avons fait ce pari : monter Ma Solange de Noëlle Renaude dans son intégralité à savoir plus de dix-huit heures de théâtre, livrées comme un feuilleton, en 18 épisodes distincts et indépendants les uns des autres.
Le texte de Ma Solange est composé d’une succession de fragments, de voix, de textes, de chansons, donnant à entendre comme la petite musique de nos vies (elles aussi fragmentées).
De manière ludique, comme des explorateurs, nous avons fouillé, décortiqué, mâché ce texte que nous nous réjouissons de partager à nouveau.
Chaque soirée est unique.
Vous assisterez chaque soir à la fois à une première et à une dernière représentation.
Ainsi, par exemple, chaque chanson (composée par Véronique Piller à quatre voix sur les textes de Noëlle Renaude), ne sera chantée qu’une seule et unique fois.
Chaque épisode est indépendant.
Il n’y a pas une histoire à suivre, mais des centaines.
Vous pouvez ainsi voir un, deux, cinq ou dix-huit épisodes sans vous soucier du sens.
S’il y a bien des figures récurrentes au fil des 18 épisodes, la seule véritable histoire est celle d’une écriture qui s’invente et à laquelle nous donnons corps et voix.
Compagnie Mezza Luna
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François Gremaud fait partie de ces trop rares metteurs en scène qui engagent une écriture sur le plateau pour y montrer le plus simplement et donc le plus acidement qui soit le chemin même de cette écriture, en travaillant, plastiquement, et avec les acteurs, l’analogie théâtrale.
Les actrices ne jouent pas Ma Solange, elles n’incarnent aucune des figures du texte, elles sont ce qu’elles sont, toutes les quatre, comme privées de destination dramatique, et pourtant, leur relation épidermique à leur quatuor mal assemblé provoque un jeu intense et jubilatoire tandis que le texte, comme privé de corps et de mission, lâché dans la nature, peut se permettre d’exister tout seul, comme au-dessus du réel. Ce qu’elles disent, montrent, manipulent, n’a pas l’air de les concerner plus que ça, elles s’activent pourtant, lisent, disent, montrent et s’agitent mais seul semble les concerner le rapport que chacune entretient sérieusement, avec les trois autres, débat permanent qui, bien sûr déclenche, chez le spectateur, de la joie et du rire.
Ce mode de création est une étonnante fabrique de la pensée, pensée de théâtre active et fondamentale (rare de mon point de vue), une organisation inventive du sens et un étrange engagement des corps (des corps assis, pourtant, occupés incidemment à lire).
La structure des dix-huit représentations, est, je crois, chaque fois la même, joie là encore de la répétition galvanisante, qui fait qu’on finit par s’y reconnaître, s’y retrouver dans ce fouillis, et se familiariser avec ce qui est en train de s’inventer. Le texte, lui, toujours évoluant comme un ballon en l’air de son faux début à sa vraie fin, livré à ses propres hachures, sauts et retours.
C’est un des plus passionnants travaux scéniques faits sur un de mes textes auquel j’ai assisté.
Noëlle Renaude
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« Multiplier les fables express et les personnages comme dans Ma Solange, comment t’écrire mon désastre, Alex Roux et leur faire envisager la vie sous toutes les coutures, là réside un des meilleurs moyens de déthéâtraliser le théâtre et de lui faire dire qu’il est un prélèvement presque arbitraire sur le monde comme il va. Tirer l’écriture dramatique hors de ses habitudes (dialogues, monologues, récits) et y insérer tout ce qui n’a pas de statut littéraire (modes d’emploi, notices techniques, inventaires, bribes de journaux intimes à usage privé, notes posthumes, chansonnettes, comptines, proverbes) est un autre procédé bien propre à affoler le théâtre. »
Michel Corvin
extrait de Noëlle Renaude, atlas alphabétique d’un nouveau monde
Production Cie Mezza Luna
Avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture
Avec le soutien de l’ONDA
La Cie Mezza Luna est soutenue par la ville de Lausanne, CORODIS (Commission Romande de Diffusion des spectacles)
mise en scène Francois Gremaud
avec Heidi Kipfer, Valérie Liengme, Stefania Pinnelli, Anne-Marie Yerly
musique, arrangements François Gremaud, Véronique Piller
costumes Claude Rueger