Salle : Petite Salle
Approches du récit dans le théâtre contemporain – Lagarce et après
Depuis sa disparition en 1995, Jean-Luc Lagarce est devenu l’auteur contemporain le plus joué en France. Son oeuvre, traduite dans plus de 20 langues, est montée partout dans le monde.
En vingt-cinq pièces de théâtre,en autant d’adaptations et de récits, il a réinventé les formes du drame et de la scène, et influence encore les jeunes dramaturges. En ce début de XXIème siècle, nous aimerions poser un regard nouveau sur la singularité de son écriture et explorer les filiations qui existent entre Jean-Luc Lagarce et la nouvelle génération. Et, du coup, également, tenter de tracer les grandes tendances du récit dans le théâtre contemporain en France. Nous le ferons en compagnie d’artistes : auteurs, metteurs en scène, comédiens.
En partenariat avec le CNT dans le cadre de son cycle de rencontres Quelles écritures pour quel théâtre aujourd’hui ?
avec Julie Deliquet, metteuse en scène, David Léon, auteur, Vincent Macaigne, metteur en scène, réalisateur, comédien (sous réserve), Moreau, auteur, Hervé Pierre, comédien, sociétaire de la Comédie-Française, Hélène Soulié, metteuse en scène.
modératrice Joëlle Gayot, journaliste, productrice à France Culture et critique théâtre à La Vie
Noëlle Renaude et Nicolas Maury enquêtent, de Marie Vermillard
Fin septembre et début octobre 2012, Noëlle Renaude et Nicolas Maury présentent neuf heures de textes inédits à Théâtre Ouvert : L’Enquête et Accidents. Spectatrice de la première partie, je filme les deux suivantes hors des règles du genre, sans préméditation, portée par l’écriture de Noëlle, la présence de Nicolas et mon attention, mon plaisir de spectatrice /cinéaste.
Cette restitution subjective, partiale, fortement encouragée par Noëlle et Nicolas, est, je l’espère, aussi le reflet de leur travail singulier et inspirant.
Noëlle Renaude et Nicolas Maury enquêtent est un drôle de film, un film/ricochet sur lequel je travaille seule depuis deux ans et dont la forme a constamment évolué. Il assemble l’enquête de Noëlle sur la naissance d’une écriture, l’inventivité de Nicolas en train de transmettre et mon expérience de filmeuse irrespectueuse.
Film réalisé par Marie Vermillard (2014, 53’)
Avec Nicolas Maury, Noëlle Renaude
Décade – Le Voyage à Marseille, d’Anne-James Chaton
Le monde contemporain est une gigantesque machine d’écriture qui produit du texte en toute occasion. Décade – Le Voyage à Marseille est un travail d’itération descriptive de ce monde. Le texte est d’abord composé des écrits que les modèles portent sur eux au moment où je les rencontre. L’archive de ces graphes, témoins souvent éphémères d’actes de la vie quotidienne, reçus de courses, factures d’achats, cartes de fidélité, titres de transport, prospectus, couvertures de livres, lettres et mots personnels, etc, constitue une première strate d’écriture. Vient ensuite une réécriture en prose continue de chacune des informations notées sur ces documents. L’extrême banalité des matières écrites génère, par effet d’accumulation, de multiples narrations; la densification psalmodique fait glisser cette langue ordinaire jusqu’à toucher la fiction. Anne-James Chaton
L’écriture poétique d’Anne-James Chaton se développe en collaboration avec d’autres artistes de la scène, du rock à la musique électronique, du théâtre à la danse.
Il travaille notamment avec le groupe hollandais The Ex et publie deux albums, Le Journaliste (2008) et Transfer (2013), avec le guitariste anglais Andy Moor. En 2008, il crée la pièce Napoli, Napoli avec le metteur en scène Benoît Bradel. Par la suite, il crée le trio Décade, avec Andy Moor et Alva Noto, les pièces Black Monodie, avec la metteuse en scène et interprète Phia Ménard, pour Les Sujets à Vif de la 64e édition du Festival d’Avignon, et Le cas Gage, ou les aventures de Phinéas en Amérique avec le chorégraphe Sylvain Prunenec, au Festival Uzès Danse 2013.
Il entame aujourd’hui une collaboration avec le chanteur Nosfell et Phia Ménard autour du projet ICÔNES. Ses travaux plastiques, puisés dans ses matériaux d’écritures, ont fait l’objet de nombreuses expositions individuelles et collectives en France et à l’étranger.
Site d’Anne-James Chaton : http://aj.chaton.free.fr/
Histoires naturelles de l’oubli, de Claire Fercak
Histoires naturelles de l’oubli raconte en alternance l’existence de deux personnages qui, ayant souffert d’un traumatisme récent, se trouvent plongés dans un état d’amnésie partielle, ou plus exactement, un refus de se souvenir.
Odradek est soigneur dans une ménagerie. Désormais en mi-temps thérapeutique, il assiste ses anciens collègues sans être autorisé à pénétrer dans les cages. On en saura plus au fil des consultations avec son psy, alors qu’il recouvre des bribes de mémoire. Il a réchappé à un accident ayant coûté la vie à un collègue dans un box aux loups, mais le choc qui a suivi l’a plongé dans un coma profond, dans une Mongolie imaginaire où Odradek croit avoir trouvé sa vraie nature, animale.
Suzanne est bibliothécaire dans un établissement très fréquenté. Elle a perdu il y a peu son mari dans un accident de voiture. Au gré de sa confession, on découvre qu’elle souffre de stress avec les usagers de la médiathèque et de troubles de la perception. Elle en fait l’expérience pénible, notamment dans la vieille maison de famille où elle vit seule depuis qu’elle a laissé à sa belle-sœur le soin d’élever sa fille, Muriel.
À travers ces personnages fêlés, pris dans un moment de bascule psychique qui les éloigne de la vie réelle, l’auteur conte la chronique parallèle puis fusionnelle de ces êtres entre-deux-mondes. Odradek parcourt les rayonnages de la bibliothèque pour approfondir son étude des renards Corsac de Mongolie pour lesquels il s’est pris de passion et progresse vers son devenir-renard… Dans le même temps, Suzanne croit reconnaître en ce lecteur clochardisé un fantôme de son défunt mari. Mais comment cet être étrange, craintif et paranoïaque, peut-il attirer cette monomaniaque de l’ordre et de la propreté ? C’est justement par une entente inattendue et progressive qu’Histoires naturelles de l’oubli fait naître cette alliance contre-nature, Claire Fercak explorant comment l’oubli permet une autre liberté. Jusqu’à l’internement d’Odradek qui a franchi le seuil du délire bestial, puis de Suzanne qui s’enferme dans le déni, pour conclure tous deux ce voyage outre-Coma, dans les steppes rêvées, en cavale hors de l’HP.
Un deuxième roman au sujet fort et dérangeant, écrit dans une langue précise et haletante, qui entraîne deux êtres à leur point de non-retour comportemental. Deux voix d’abord discordantes, deux héros hors du commun, qui par leur obsession mutuelle et partagée, parviennent à s’oublier ensemble au-delà des promesses de la normalité.
En partenariat avec les éditions Verticales
Mise en voix Philippe Calvario
Avec Philippe Calvario, Jil Caplan et le musicien Jean-Christophe Urbain
Dépressurisation / Module 1, d’après Pulvérisés, d’Alexandra Badea
Entre le théâtre et le cinéma, la littérature dramatique et l’écriture en direct, cette petite forme trace le parcours d’un personnage extrait de la pièce Pulvérisés.
Sur un écran, on suit une femme enfermée dans sa vie quotidienne, au milieu d’une crise identitaire. On est avec elle, par le gros plan et le plan séquence. Le spectateur est transposé dans sa vie, il respire avec elle. Sur le plateau, deux comédiens articulent sa voix intérieure, ils s’adressent à elle d’une manière indirecte en employant un « tu » impersonnel. Ils font la bande-son de cette matière hybride, ils traduisent les scènes captées sur son lieu de travail dans sa langue maternelle (car « elle travaille pour la France » depuis Bucarest).
Ce programme est la préfiguration d’un travail qui aura lieu dans plusieurs pays (Roumanie, Sénégal, Chine, France) pendant la saison 2014/2015. Il a commencé à Théâtre Ouvert, en septembre dernier, par un atelier de collecte de la parole avec des spectateurs complices, sur la question de l’impact des nouvelles technologies et leurs influences sur les habitudes de travail et de communication.
Avec le soutien du Centre National du Théâtre
Alexandra Badea est représentée par L’Arche, agence théâtrale.
Cette pièce a reçu le Grand Prix de la littérature dramatique du CNT en 2013
Lecture vidéo conçue par Alexandra Badea et Frédéric Fisbach
Avec Alexandra Badea, Frédéric Fisbach et Eugen Jebeleanu
et Madalina Constantin pour le film
La fumée de cerisier
Alors qu’Anna, artiste peintre trentenaire écorchée par une rupture, se voit reprocher son mode de vie par sa mère Marie, elles ont la surprise de voir leur aïeule Valérie revenir d’entre les morts pour arbitrer leur conflit. Voici trois femmes qui vont débattre sous nos yeux et confronter leurs points de vue sur le mariage, cette fin vers laquelle tendent tous les contes de fées. Elles vont aussi beaucoup rêver : de robes blanches tachées de cerise, de manteau de fourrure et de maison hantée, de smokings et de Samuel Beckett.
Avec le soutien de Fabulamundi-Playwriting Europe, du programme Culture de l’Union Européenne
traduction Benoît Meunier
par Maëlle Dequiedt
avec Anne Benoît, Bénedicte Cerutti, Blanche Ripoche
Qui croire
Qu’on le veuille ou non, la religion innerve notre quotidien. On peut décider de dédaigner les pieux.ses, quel.le.s qu’il.elle.s soient, au nom de la fierté qu’inspire la laïcité à la française. On peut aussi ressentir les profonds dysfonctionnements qu’elle provoque et la schizophrénie qu’elle appelle de nous : nous vivons encore selon un calendrier ritualisé par les fêtes chrétiennes – tout en exigeant, pour certain.e.s, la complète neutralité vis-à-vis des religions. Nous sommes pris.e.s entre l’intransigeance et la tradition, la rigueur et le libre-arbitre. Nous sommes, à juste titre, fier.e.s que notre état soit laïc, mais nous confondons l’état et la société. Peut-on vraiment débarrasser nos existences du religieux ?
Nous avons reçu en héritage les écritures, nous doutons de leur sacralité. Nous les recevons avec la même curiosité qu’une œuvre littéraire ; pourtant, ces textes portent quelque chose de puissamment prescripteur. Quels sont les principes qui, peuvent guider un comportement, que l’on soit athée, anticlérical, ou religieux ? Quelles sont les contradictions profondes qui nous habitent quant à cette entité nommée Dieu ? Comment notre existence peut-elle être, sans que nous en ayons pleinement conscience, déterminée par des valeurs intériorisées depuis l’enfance ?
Représenter le fait religieux au théâtre conduit, inévitablement, à questionner la foi et la crédulité. Qu’est-ce qui pousse à croire, selon quels critères accorder notre confiance à l’une ou l’autre des vérités connues ? Nous avons à cœur de construire un protocole théâtral – dans le son, le jeu, la lumière et l’écriture – qui joue absolument le jeu de la fiction sans rien cacher de notre volonté de croire : quand nous croyons à la fiction, y a-t-il quelque chose en nous qui décide de croire ?
Guillaume Poix
Production la Comédie de Reims-CDN
Coproduction la Comédie de Béthune-CDN
Avec le soutien de Théâtre Ouvert-Centre National des Dramaturgies Contemporaines
Nicole est de retour dans la région.
Elle refait sa vie avec son nouvel amant, Chat.
Mais Stéphane, son mari dont elle est séparée depuis quelques mois, voit en ce retour l’occasion de la reconquérir. Il commence à la suivre à son insu.
Qu’est-on prêt à faire pour conserver sa famille ?
…………………………………….
Ce soir est le grand soir mais déjà je trouve qu’il me dévore la bouche de façon étrange.
J’essaye de suivre sa mécanique.
Son corps est tendu de désir.
Mon corps est inerte, impassible sous ses doigts, impassible sous ses lèvres.
Je ne comprends pas. Je me concentre. Je vais bien finir par ressentir quelque chose.
Je caresse quand il caresse, j’enlace quand il enlace. Je suis sa mécanique.
Françoise Dô, A Parté
Production Compagnie Bleus et Ardoise
Coproduction Tropiques Atrium scène Nationale
Avec le soutien de la Direction des Affaires Culturelles de Martinique
Avec le soutien du théâtre de Vanves
Ce texte est lauréat du programme Ecritures de la Cité Internationale des Arts de Paris
La compagnie Bleus et Ardoise est en résidence de création à Tropiques Atrium Scène Nationale.
La sortie de création aura lieu en janvier 2019 dans le cadre du festival des petites formes.
mise en voix par l’autrice
avec Françoise Dô, Nelson-Rafaell Madel
Imposture posthume
Il me reste, au maximum, 50-60 ans à vivre.
Qui peut dire si, à l’heure de mon agonie, l’aide-soignant qui m’accompagnera avec bienveillance vers l’au-delà sera un être humain ?
Et si c’est un robot, prononcera-t-il les derniers mots de réconfort en sachant qu’il ne sait pas ce qu’est la mort, comme nous tous ?
Aura-t-il appris à générer de jolis poèmes inédits à partir des mots « Joël » « sommeil » « voyage » et « inconnu » ?
Ou alors, aura-t-il développé, de par sa nature non biologique, une compréhension du non-être beaucoup plus complète, voire concrète, que nous autres ?
Imposture posthume est une variation sur le motif du manuscrit trouvé.
Ainsi, à la toute fin du 21e siècle, peu avant ma mort tardive, je me souviens de quelques événements. Alors, pour la dernière fois, j’écris. Mais à la main, et sur un morceau de plastique.
Dans un futur encore plus lointain, où l’humanité a profité d’un effondrement technologique pour repartir sur des bases un peu différentes, un expert du passé (vraisemblablement télépathe mais pas forcément bien renseigné) tente de me « réanimer » par un procédé d’apparition pas très au point.
J.M.
Imposture posthume, sera créé le 26 mars 2019, à l’Arsenic – Centre d’art scénique contemporain – Lausanne, dans le Programme Commun.
Production SNAUT
Coproduction Arsenic – Centre d’art scénique contemporain, Lausanne / Théâtre Saint-Gervais, Genève / Le Phénix, Scène nationale de Valenciennes
Avec les soutiens de la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon – Centre national des écritures du spectacle, de la Ville de Lausanne, Canton de Vaud, Loterie Romande, Pour-cent culturel Migros, SSA – bourse pour les compositeurs de musique de scène, Fondation Leenaards
Diffusion et accompagnement : Delphine Prouteau – Infilignes
Texte, jeu : Joël Maillard
Coopération artistique : Nicole Genovese
Son : Charlie Bernath et Louis Jucker
Diffusion et accompagnement : Delphine Prouteau – Infilignes
Danse d’atomes d’or
« Je marche dans la lumière du soir. Non. Pas tout à fait. Ce n’est pas tout à fait la lumière du soir. Je marche dans le champ, j’enfonce mes chaussures dans la glèbe et, engourdi par le froid et la tristesse qui commence à me saouler la gueule, je me souviens du miracle de ton corps. »
Tout commence par un coup de foudre. Chez des amis, O. rencontre Loren, une acrobate fougueuse et libre aux cheveux couleur seigle. Ils s’éprennent, s’étreignent et réinventent avec éclat l’histoire d’Orphée et d’Eurydice dans la grande ville qui leur ouvre les bras. Mais Loren disparaît, sans un mot. Inconsolable, têtu, O. la cherche jusqu’à Tombelaine en Normandie. Là, il apprendra pourquoi la jeune fille si solaire a dû partir sans laisser d’adresse.
Danse d’atomes d’or est publié aux éditions Alma Éditeur
avec Émilie Flamant et Olivier Liron